Estimée à environ 10 millions de membres, la diaspora arménienne est trois fois plus nombreuse que la population vivant au pays. Elle est à la fois un soutien de taille pour l’État arménien, mais aussi une menace pour les équilibres politiques internes précaires.
Depuis l’offensive azerbaïdjanaise sur le Karabakh le 19 septembre dernier, les Arméniens ont manifesté leur colère un peu partout dans le monde : à Erevan, mais aussi à Paris, Bruxelles ou encore Los Angeles. Dès 1991 et la première guerre du Karabakh, cette communauté mondialisée a apporté un soutien non négligeable à l’Arménie. Un foisonnement d’associations, fédérations et autres réseaux diasporiques s’est mobilisé pour apporter une aide humanitaire, financière et matérielle aux populations touchées par le conflit.
Mais l’État arménien noue néanmoins une relation ambiguë avec la diaspora. Plus nombreuse et plus prospère, elle est à la fois un soutien de taille, mais aussi une menace pour les équilibres politiques internes précaires. Erevan cherche donc à s’assurer du soutien de la diaspora pour compenser la faiblesse de ses institutions et l’atonie de son économie ; tout en contrôlant toute voix dissidente qui viendrait déstabiliser un régime déjà affaibli.
Tigrane Yégavian, géopolitologue et spécialiste du Caucase, revient sur le sujet sur France Culture, mardi 7 novembre.
“Pour les Arméniens du monde entier, le Haut-Karabakh, c’est le berceau historique de l’Arménie antique, c’est aussi un bouclier, par son relief qui défend l’intégrité territoriale de l’Arménie. Le Karabakh a été attaqué de façon extrêmement massive. C’était une guerre d’anéantissement, selon la diaspora. C’est pourquoi ils se sont sentis eux-mêmes menacés dans leur existence”, explique Tigrane Yégavian.
Yégavian souligne que la diaspora arménienne est “très polarisée” entre ceux qui soutiennent Pachinian et ceux qui sont contre lui. Selon lui, “il y a une crise de confiance entre Erevan et la diaspora”.
Source: Radio France