Alors que plus de 100 000 réfugiés du Karabakh sont réinstallés en Arménie, bon nombre veulent à tout prix aller au nord, près de la capitale, Erevan, jugée plus sécuritaire que le sud, affirme le journaliste Xavier Savard-Fournier dans son article publié dans Le Devoir.
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, plus de 100 000 Arméniens auraient fui le Karabakh. De ce nombre, plus de la moitié est maintenant dans le nord du pays. Plusieurs réfugiés se retrouvent dans les régions environnantes de la capitale, comme à Nor Hachn, mais une très forte majorité est venue rejoindre de la famille à Erevan.
La crainte d’une invasion du pays par l’Azerbaïdjan est croissante.
“L’Azerbaïdjan tente de tracer une équivalence entre le couloir de Latchine et ce futur corridor du Zanguezour. Et cette équivalence, elle fait avancer des objectifs de l’Azerbaïdjan qui ne sont pas raisonnables au regard de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Arménie”, explique Taline Papazian, chargée de cours et maître de conférences à Science Po Aix-en-Provence et membre de l’ONG Armenia Peace Initiative.
L’Arménie reconnaît à l’Azerbaïdjan le droit d’avoir une route qui relie son territoire au Nakhitchevan. Depuis la fin de la guerre de 2020, Erevan a toujours dit qu’un droit de transit pouvait être discuté en coopération avec Bakou. Cependant, il est non envisageable pour l’Arménie qu’un couloir extraterritorial soit créé sur lequel le pays n’aurait aucun droit de regard et ne toucherait aucune compensation.
“La crainte des Arméniens, c’est que l’Azerbaïdjan n’en fasse qu’à sa tête, comme il a pris l’habitude de le faire depuis trois ans. Jamais puni. Jamais sanctionné. Il ne se passe jamais rien, donc pourquoi ne pas continuer une stratégie qui, jusqu’ici, s’est révélée particulièrement payante ? Et l’Azerbaïdjan a visiblement les moyens de le faire”, ajoute Papazian.
“Je pense que les défis sont parfaitement saisis par tout le monde. Mais est-ce qu’au-delà des déclarations dans le cas d’une invasion du sud de l’Arménie, il y aura autre chose ? Est-ce que l’Arménie recevra un soutien diplomatique ? Est-ce que l’Arménie recevra un soutien militaire ? Personnellement, je pense que non, ou très peu”, analyse Taline Papazian.
“Quand vous êtes dans une situation où vos adversaires sont déterminés et plus puissants que vous, que vous n’avez pas d’alliés et que vous n’êtes pas certain du soutien militaire que vous pourriez avoir en cas d’invasion, la paix devient donc absolument nécessaire. Et c’est ce que tente le gouvernement arménien”, explique Papazian.
Source: Le Devoir