Sous l’impulsion du nouveau ministre de l’Économie, la Banque centrale turque a relevé ses taux directeurs pour lutter contre l’inflation et la dévaluation de sa monnaie. Si ce revirement est salué par la Banque mondiale, qui va accorder un prêt important au pays, il sonne comme un reniement de la politique menée par le président Erdogan depuis plusieurs années, rapporte Courrier international.
Le revirement de la politique économique et monétaire turque entamé depuis quelques mois semble plaire aux institutions internationales. Début septembre, la Banque mondiale a ainsi annoncé accorder un prêt de 18 milliards à Ankara, dont les deux tiers devraient être consacrés à soutenir le secteur privé, rapporte le média en ligne Diken.
Une annonce bienvenue pour l’économie du pays, en crise depuis plusieurs années. La politique de hausse des taux d’intérêt mise en œuvre par le nouveau ministre de l’Économie, Mehmet Simsek, afin de lutter contre l’inflation, a été applaudie par le directeur du programme Turquie de la Banque mondiale.
Pendant des années, la Banque centrale turque a artificiellement maintenu des taux d’intérêt extrêmement bas afin de doper la croissance économique. Cette politique avait provoqué une forte dévaluation de la monnaie turque.
“Nous laissons les cours évoluer librement, la politique précédente était irrationnelle”, a déclaré Mehmet Simsek.
Le site Gazete Duvar émet néanmoins des doutes sur l’avenir et souligne la difficulté qu’aura le nouveau ministre à juguler l’inflation face à la montée inexorable du dollar et de l’euro. Pour le média d’opposition, l’attraction d’investisseurs étrangers indispensables à la reprise économique dépend surtout d’un retour de la démocratie et de la mise en place de plans de réformes structurels : “Mais il semble que le pouvoir actuel ne dispose pas du personnel compétent pour cela et surtout refuse de remettre en cause le népotisme et la kleptocratie sur lesquels il est bâti”, juge le titre, qui parie qu’Ankara lancera un appel à l’aide au Fonds monétaire international (FMI) en 2024.
Source: Courrier international