Quelques jours après l’annonce du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre Vladimir Poutine, le gouvernement arménien a reconnu la conformité du traité fondateur de la CPI avec la Constitution du pays, a fait savoir Courrier International.
“Dans la situation géopolitique actuelle, cette décision des autorités arméniennes témoigne d’une cécité politique extrême et aura des conséquences imprévisibles pour l’Arménie et le Haut-Karabakh”, affirme dans son communiqué, relayé par Verelq, le Parti républicain arménien (opposition).
“Prétendre qu’il est nécessaire de ratifier le Statut de Rome pour mettre au jour les crimes commis par les Azerbaïdjanais sur le territoire du Karabakh est puéril. D’autant plus que la plupart des crimes de guerre ont eu lieu en dehors de l’Arménie et donc excluent l’application du Statut de Rome dans ces régions puisque, selon la perception de notre gouvernement qui n’a pas reconnu l’indépendance du Haut-Karabakh, il ne s’agit pas du territoire de l’Arménie, mais de celui de l’Azerbaïdjan”, note le juriste arménien Aram Orbelian.
Le journal russe Vzgliad, proche des positions du Kremlin, remarque qu’Erevan “croit naïvement que les pays occidentaux peuvent résoudre les problèmes de sécurité dans la région et entame un nouveau cycle de rapprochement avec l’Europe, ce que la Russie n’apprécie pas du tout. Les tensions politiques s’accumulent.”
Le ministère des Affaires étrangères russe a haussé le ton en considérant “comme absolument inacceptable le projet d’Erevan d’adhérer au Statut de Rome de la CPI”, et “a mis en garde ses collègues arméniens contre les conséquences extrêmement négatives de leurs éventuelles démarches sur leurs relations avec Moscou”.
L’expert arménien Andrias Gukassian défend la position d’Erevan sur le site russe Kavkazski Ouzel : il rappelle notamment que la ratification du Statut de Rome est “l’une des obligations de l’Arménie dans le cadre de l’accord de partenariat global et renforcé entre l’Arménie et l’UE, entré en vigueur en 2019”.
Les “désaccords avec Moscou” auront “des conséquences désastreuses pour l’économie arménienne”, dont les exportations sont orientées essentiellement vers la Russie, indique le site Verelq.
Source: Courrier International