Le reportage de la journaliste Estelle Levresse réalisé en Arménie, dans la région du Syunik, a été publié jeudi 23 mars dans La Vie.
La journaliste s’est entretenue avec les Arméniens du Karabakh qui sont logés dans un hôtel de Goris, une ville de la région montagneuse du Syunik. Cette ville se trouve à quelques dizaines de kilomètres du Karabakh, “mais le corridor de Latchine, seule route permettant de s’y rendre depuis l’Arménie, est coupé depuis le 12 décembre par des militants azerbaïdjanais”, note la journaliste.
Ces manifestations “orchestrées” par Bakou, accuse Erevan, sont destinées, selon le représentant de l’Arménie devant la Cour internationale de justice (CIJ), à obliger les Arméniens du Karabakh à faire “un choix impossible : quitter leurs terres ancestrales, ou rester et être affamés”.
La journaliste rapporte qu’au total, plus de 1 100 personnes, dont 270 enfants, qui étaient en déplacement hors du Karabakh avant le 12 décembre ont été bloquées à l’extérieur. Depuis la mi-janvier, la Croix-Rouge organise des convois quotidiens pour les ramener au Karabakh.
Outre le logement et les repas financés par l’État arménien, ces Arméniens du Haut-Karabakh peuvent compter sur l’aide d’organisations humanitaires. “Nous leur avons fourni de quoi s’acheter des vêtements”, déclare Benik Ghahramanyan, responsable de l’antenne de Caritas Arménie, qui a ouvert à Goris il y a tout juste un an. “Notre mission principale consiste à aider les réfugiés du Haut-Karabakh dans toute la région du Syunik. Depuis la guerre de 2020, ils sont très nombreux à s’être installés ici, confie l’homme de 47 ans. On leur apporte une aide financière, matérielle, mais aussi un soutien psychologique.”
Les organisations internationales demandent depuis des semaines à l’Azerbaïdjan et à la mission russe de maintien de la paix, qui a en charge le contrôle du corridor, de rouvrir la route pour mettre fin à la crise humanitaire en cours. Elles alertent sur la situation dramatique des 120 000 personnes vivant au Karabakh, qui n’ont plus accès aux biens et services essentiels, notamment aux médicaments et aux soins vitaux. Dans un rapport publié le 9 février dernier, Amnesty International a averti que des “milliers de vies” seraient “en péril”.
D’après Amnesty International, “l’accès aux soins de santé est devenu le problème le plus pressant dans la région sous blocus, du fait de la pénurie de médicaments et de matériel médical, ainsi que du manque de carburant pour se rendre auprès des patients et permettre les soins ambulatoires”.
De son côté, Bakou nie la responsabilité du blocus, affirmant qu’il est du fait d’activistes écologistes manifestant contre des mines illégales.
Dans la région de Goris, beaucoup dénoncent la passivité de la Russie, qui s’était posée en médiatrice de la guerre de 2020. “Elle nous a abandonnés”, confie un habitant de Goris. Mais il y a ceux qui ne partagent pas cet avis et sont certains que seule la Russie pourra les sauver.
Source: La Vie