Reportage de la chaîne ARTE : “Karabakh, l’heure du retour”

La journaliste Sophie Nivelle-Cardinale a réalisé le reportage au Karabakh intitulé “Azerbaïdjan: Karabakh, l’heure du retour”, diffusé sur la chaîne franco-allemande ARTE.

“Dans les années 1990, la première guerre entre les deux pays avait déplacé 750 000 personnes en Azerbaïdjan. Et pendant 30 ans, Bakou avait promis à ces exilés un “Grand retour” au Karabakh. Aujourd’hui, côté azerbaïdjanais, seules quelques familles ont pu revenir habiter dans la région.

Le Karabakh reste une zone militaire, et une source de tensions. Un traité de paix n’a toujours pas été signé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et début 2023, les négociations sont dans l’impasse. En septembre dernier, des combats à la frontière ont fait près de 600 morts. A la mi-décembre, le corridor de Latchine est devenu l’objet d’un bras de fer diplomatique entre Erevan et Bakou, chacun accusant l’autre de préparer la prochaine guerre”, indique le reportage.

“Ici, on dit depuis toujours : celui qui contrôle Choucha, contrôle le Karabakh. Mais depuis le cessez-le-feu négocié par la Russie en 2020, des troupes russes sont désormais présentes dans le Karabakh le long de la ligne de contact entre vainqueur et vaincu”, note la journaliste.

Depuis plusieurs semaines des manifestations organisées réclamant le contrôle sur des mines au Karabakh bloquent le corridor de Latchine, ce qui est “un moyen pour l’Azerbaïdjan de mettre la pression sur l’Arménie pour faire avancer les négociations pour un traité de paix”.

“Ce qui n’a pas été autorisé depuis le début des manifestations le 12 décembre, c’est le transport d’armes, de mines et de militaires arméniens par cette route vers le Karabakh”, explique Eltchïn Amirbayov, conseiller de la Vice Présidence azerbaïdjanaise.

L’Azerbaïdjan l’a répété à plusieurs occasions: “Ces pratiques doivent s’arrêter, car vous ne pouvez pas parler de la paix et, en parallèle, utiliser cette route pour renforcer votre potentiel militaire à l’intérieur du Karabakh, et préparer une autre guerre”, ajoute-t-il.

“Deux ans après la guerre, pour se rendre dans le Karabakh, il faut toujours une permission spéciale pour passer plusieurs barrages de police. En dehors des soldats et des ouvriers, seulement quelques familles ont pu rentrer habiter dans les territoires repris en 2020”, indique le reportage.

La journaliste a visité le village d’Agaly, à la frontière avec l’Iran. “Agaly a été reconstruit de toute pièce. C’est une vitrine de ce que peut être la vie dans le Karabakh”, fait savoir Sophie Nivelle-Cardinale.

“Dans les territoires récupérés en 2020 par l’Azerbaïdjan des villes entières ont été rayées de la carte. Sous l’occupation arménienne, les habitations étaient systématiquement dépecées. De la vie avant la Première Guerre du Karabakh, il ne reste que des ruines.

Mais aujourd’hui toute la région est un immense chantier. Comme pour ressusciter les villes disparues, l’Azerbaïdjan construit des routes, des immeubles, des écoles. Au milieu des ruines et aussi des mines. Comme à Agdam, autrefois le cœur de l’agglomération de plus de 100 mille habitants jusqu’à dans les années 1980 et le carrefour commercial de toute la région”, indique le reportage.

“Agdam a été occupé par les Arméniens en 1993 et ils n’ont fait que mettre des mines et creuser des tranchées. En 30 ans, ils n’ont fait que ça. Peut-être qu’ils pensaient rester ici pour toujours, qu’ils ne pensaient pas qu’on allait libérer nos territoires”, note Namig Balayev, responsable du déminage.

 

Source: Chaîne franco-allemande ARTE

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