“Iran et Azerbaïdjan au bord de la guerre?” : analyse d’Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir Aslani, avocat et essayiste, revient sur les relations entre Iran et Azerbaïdjan dans son article, publié mardi 7 mars, dans Le Nouvel Economiste.

“Depuis deux ans, les relations diplomatiques entre Téhéran et Bakou sont jalonnées d’épisodes de tension et de provocations qui ont largement contribué à les dégrader. Les deux voisins se considèrent mutuellement comme un danger pour leur souveraineté nationale respective, l’Azerbaïdjan considérant l’Iran comme un obstacle à ses ambitions dans le sud du Caucase et contre l’Arménie, tandis que l’Iran voit d’un très mauvais œil la proximité croissante de Bakou avec Israël et la Turquie, qui menace directement sa sécurité et son unité territoriale”, explique Ardavan Amir Aslani.

Téhéran voit le projet de la création du corridor du Zanguezour comme une tentative d’encerclement du monde turcophone “particulièrement menaçante pour sa stabilité politique et ethnique”.

L’alliance Turquie-Azerbaïdjan-Israël inquiète également l’Iran. “Les visites diplomatiques de représentants israéliens, mais aussi saoudiens et turcs, se sont multipliées depuis l’automne dernier en Azerbaïdjan. Bakou prévoit d’ailleurs d’ouvrir une représentation diplomatique à Tel-Aviv, a nommé en début d’année son tout premier ambassadeur en Israël et s’est beaucoup investi dans le rétablissement des relations diplomatiques entre la Turquie et Israël, ce qui semble confirmer la nouvelle stratégie de sécurité nationale azérie : développer des liens avec d’autres acteurs régionaux influents – par ailleurs rivaux de l’Iran – pour mieux le contrer. L’émergence d’un axe Turquie-Azerbaïdjan-Israël est une crainte ancienne pour Téhéran, qui commence à véritablement prendre forme à sa frontière nord-ouest.”

Ardavan Amir Aslani note que depuis l’attaque de l’ambassade d’Azerbaïdjan à Téhéran, que le régime iranien est accusé d’avoir commanditée, les relations bilatérales entre les deux pays ont atteint un seuil critique. “Compte tenu de la dynamique régionale actuelle, le risque est grand qu’une simple erreur de calcul, une escarmouche de trop, ne provoque une rupture définitive entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, avec des conséquences désastreuses pour les deux parties.”

 

Source: Le Nouvel Economiste

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