Dans le Caucase, les tensions entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie font craindre le déclenchement d’une nouvelle guerre, fait savoir l’Opinion, lundi 27 mars.
“Depuis le 12 décembre dernier, la région du Haut-Karabakh, peuplée d’Arméniens, fait l’objet d’un blocus et la situation humanitaire s’y dégrade rapidement. En fin de semaine dernière, l’armée azerbaïdjanaise a pris le contrôle d’un secteur, au-delà de la “ligne de contact” garantie par la force de maintien de la paix russe. Une nouvelle crise régionale se noue sur fond de rivalités entre les puissances régionales, Russie, Iran et Turquie, sans oublier les Occidentaux”, rapporte le journaliste Jean-Dominique Merchet.
“Au regard du droit international, le Haut-Karabakh appartient en effet à l’Azerbaïdjan. Cet enchevêtrement est le fruit des découpages territoriaux de l’Union soviétique. Les frontières d’aujourd’hui sont d’anciennes limites administratives entre Républiques et régions soviétiques. Enclavé, le Haut-Karabakh n’est relié à la République d’Arménie que par une seule route, le “corridor de Latchine”. La sécurité de cet accès vital est garantie par 2 000 militaires russes, déployés comme force de maintien de la paix”, note Merchet.
En décembre 2022, les Azerbaïdjanais ont imposé “un blocus” du Karabakh. Bakou assure que c’est le fait d’activistes écologistes. Selon Bakou, une trentaine de véhicules passeraient chaque jour : ils appartiennent “au contingent russe de maintien de la paix, au CICR et à des particuliers arméniens”.
L’Azerbaïdjan accuse l’Arménie d’une “utilisation abusive de la route de Latchine”. Selon Bakou, Erevan aurait fait passer des troupes et des armes, dont des mines antipersonnel, en violation du cessez-le-feu de 2020. L’Arménie conteste cette affirmation. L’Azerbaïdjan prétend disposer de photos satellitaires, prouvant la présence de militaires arméniens dans la région, fait savoir le journaliste.
“Il n’est pas certain que Bakou prépare une nouvelle offensive de grande ampleur contre le Haut-Karabakh, même si l’Azerbaïdjan n’a pas renoncé à reprendre le contrôle de la totalité du Haut-Karabakh, ce dont il a été empêché en 2020 par la Russie. La stratégie du président Aliyev semble plutôt être d’accentuer la pression, de grignoter du terrain et d’étrangler progressivement la communauté arménienne du Haut-Karabagh, pour l’inciter à partir”, note Merchet.
“Depuis le 20 février, l’UE a dépêché une “mission civile d’observation” du côté arménien de la frontière, pour tenter d’y faire diminuer les incidents, alors que le tracé de cette frontière fait l’objet d’un désaccord entre les deux capitales. En octobre dernier à Prague, aux côtés de Charles Michel, président du Conseil de l’UE, Emmanuel Macron était parvenu à réunir les dirigeants des deux pays, suscitant l’espoir d’une désescalade, après de nouveaux affrontements. Las, l’Azerbaïdjan ne veut plus de ce format avec Emmanuel Macron, estimant la position française trop favorable à l’Arménie”, conclut Jean-Dominique Merchet.
Source: L’Opinion