L’ancien secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui s’est rendu en Arménie mi-mars, estime crucial que les États européens s’engagent pour la paix dans le conflit autour du Karabakh, fait savoir Le Figaro.
“Le risque d’une guerre ouverte entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans un futur proche est réel et sous-estimé. Il existe une unique route reliant l’enclave du Haut-Karabakh à l’Arménie. Une seule. Et cette route est bloquée depuis le 12 décembre. Des produits essentiels aux médicaments, plus rien ne passe. Des habitants sont coincés côté arménien et ne peuvent retourner chez eux. Cette situation peut aboutir à un désastre humanitaire. L’objectif, à terme, pourrait être un nettoyage ethnique, en rendant la vie des habitants si difficile que beaucoup d’entre eux quitteraient le territoire”, affirme Anders Fogh Rasmussen.
“Il est important de signifier à Bakou que notre intérêt énergétique ne nous fera pas détourner le regard d’un drame humanitaire en puissance”, souligne-t-il.
“Il y a manifestement un changement de paradigme dans le Caucase, avec un recul de l’influence et de l’impact russe. Les Arméniens sont profondément déçus de cette inaction. Voilà pourquoi ils cherchent des amis fiables, qu’ils pourraient trouver à l’Ouest”, note Anders Fogh Rasmussen.
“Je pense qu’un nouveau conflit dans cette région aux portes de l’Europe ne peut nous servir. Cela risque d’abord être compromettant pour notre approvisionnement en énergie. Aussi, la passivité de la Russie laisse présager l’existence d’une alliance informelle entre Moscou et Bakou, et, derrière, entre Moscou et Istanbul. Voilà pourquoi les États européens doivent s’engager dans le Caucase du Sud”, estime-t-il.
Anders Fogh Rasmussen appelle l’UE à mener une mission d’enquête pour établir des faits documentés sur la situation humanitaire au Karabakh. Il plaide également pour le déploiement d’une mission internationale et armée, sous mandat des Nations unies.
Selon lui, il faut presser le président Aliyev d’engager des négociations de paix.
Source: Le Figaro