Un drame humanitaire se déroule au Karabakh, estime le chercheur franco-arménien Tigrane Yégavian interviewé par Sud Ouest, mardi 14 février.
“Depuis deux mois, seule la Croix-Rouge peut encore entrer au Karabakh. Les 120 000 habitants de l’enclave manquent de tout : aliments de base, médicaments, lait et couches pour enfants. Les réserves sont à sec, les gens ont des coupons de rationnement. Les écoles sont fermées, car le gaz et l’électricité sont souvent coupés”, rapporte Tigrane Yégavian.
Selon lui, les Azerbaïdjanais exercent une forte pression pour pousser les Arméniens au départ. Il note que “la nouveauté de la guerre de 2020 est l’implication de la Turquie qui appuie le blocus du Haut-Karabakh et le projet visant à relier l’Azerbaïdjan à sa propre enclave du Nakhitchevan en dépeçant le sud de l’Arménie”.
Yégavian fait remarquer que l’Arménie est soutenue diplomatiquement par l’Iran. Quant à la Russie, elle “soutient l’Arménie comme la corde le pendu”. D’après lui, l’intérêt de la Russie “n’est pas de sauver l’Arménie mais de garder un levier dans la région, sans s’aliéner l’Azerbaïdjan ni la Turquie”.
Il estime que les Occidentaux ne soutiennent pas assez l’Arménie. “La France, inquiète de l’occupation de territoires arméniens souverains, soutient l’Arménie mais elle est isolée. La plupart des autres pays européens soutiennent Bakou pour des raisons énergétiques et géopolitiques. Emmanuel Macron a réussi à leur tordre le bras en poussant l’envoi d’observateurs de l’UE dont une dizaine de gendarmes français. C’est important mais très insuffisant.”
Source: Sud Ouest
