Tigrane Yégavian, géopoliticien et chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), revient sur le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans son interview accordée dans l’hebdomadaire France catholique, vendredi 10 février.
“Depuis le 12 décembre, plus aucune marchandise ne peut parvenir au Karabakh. La population arménienne y est privée de tous les biens de première nécessité, comme les aliments ou les médicaments. De pseudo-militants écologistes azéris bloquent le corridor de Latchine, au prétexte de réclamer la fermeture des mines du Karabakh, jugées polluantes. Et même si la présence d’agents azéris parmi ces manifestants a été documentée, les Russes, censés sécuriser la zone, ferment malheureusement les yeux. On assiste là à une forme de terrorisme humanitaire dont l’objectif est clair : vider le Karabakh de sa population arménienne. En d’autres termes, c’est du nettoyage ethnique. C’est un plan cohérent”, affirme Tigrane Yégavian.
“Lors des attaques conduites en septembre dernier par l’Azerbaïdjan contre la République d’Arménie souveraine, il n’y a pas eu de mobilisation pour dénoncer cette agression, en particulier de la part de la Russie, et encore moins de sanctions. Seul Emmanuel Macron est intervenu pour entreprendre une action concertée. L’envoi d’observateurs est sans doute le fruit de cette intervention. Néanmoins, ils ne sont déployés que du côté arménien, pas du côté azéri. Dès lors, je ne vois pas très bien quelle est la différence entre ces observateurs et les journalistes qui suivent sur place le conflit”, note-t-il.
Source: France catholique