Sud Radio : l’occident a-t-il oublié l’Arménie ?

Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint du Figaro Magazine et Tigrane Yegavian, géopolitologue d’origine arménienne, spécialiste du Caucase, reviennent sur les relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans “En toute vérité” sur Sud Radio, dimanche 22 janvier.

Tigrane Yegavian note qu’à la suite de la guerre de 2020, les Arméniens ont perdu près d’un tiers de la classe d’âge des 18-25 et 75% des territoires que contrôlaient les Arméniens autour du Karabakh.

Selon lui, l’Azerbaïdjan veut “transposer cette victoire militaire en victoire politique, c’est-à-dire, obtenir la capitulation totale de l’Arménie”, ainsi qu’obtenir un corridor extraterritorial au Sud de l’Arménie qui relierait l’Azerbaïdjan à la Turquie via son exclave du Nakhitchevan. “Ce corridor panturquiste pose une menace existentielle pour l’avenir de l’Arménie.”

D’après lui, “le fait que la Russie soit affaiblie par la guerre en Ukraine pose une question d’interdépendance entre la Russie et l’Azerbaïdjan, parce que la Russie ne veut pas, en aucun cas, s’aliéner l’Azerbaïdjan avec lequel elle a une frontière terrestre et par lequel elle transite ces hydrocarbures”.

Tigrane Yegavian affirme que “l’Arménie est victime de la géopolitique des empires”. Il note que la Russie et la Turquie échangent des zones d’influence entre elles et l’Arménie est “une pièce des un échiquier”.

Selon lui, c’est le lobby allemand au niveau de l’UE et de l’OTAN qui bloque toute résolution de sanctionner l’Azerbaïdjan “qui se comporte comme un État terroriste et raciste contre la population civile du Haut-Karabakh”.

Yegavian appelle l’Europe à “protéger la population de l’Artsakh et de la sauver du blocus”. Il fait remarquer que l’Arménie attend des armes de la France. Le principal obstacle à cette livraison d’armes, c’est que l’Arménie fait partie de la l’alliance militaire avec la Russie, l’OTSCE (Organisation du traité de sécurité collective). Cependant, la Russie ne livre pas l’armement à l’Arménie. Selon lui, un seul pays dans le monde sur lequel l’Arménie peut compter militairement, c’est l’Inde, parce que “l’Inde partage des intérêts géostratégiques avec l’Arménie”.

Il note que la France soutient les Arméniens à travers des déplacements de hauts personnages de l’Etat.

Pour Jean-Christophe Buisson, “la détestation de l’Azerbaïdjan envers les Arméniens est une détestation purement etnique et raciale”. Il fait savoir que “toutes les églises qui sont dans le territoire d’Artsakh sont soit abîmées, soit détruites et les inscriptions en arménien sont effacées”.

Il souligne que “l’alliance stratégique de la Turquie avec l’Azerbaïdjan est renforcée, aujourd’hui, par le rapprochement entre Erdogan et Poutine”.

Le journaliste fait remarquer que Bakou débloquera le couloir humanitaire de l’Arménie à Khankendi en échange d’un couloir similaire de l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan. Ce corridor rétablirait les liaisons de transport entre la Turquie et l’Azerbaïdjan et d’autres républiques turques. “C’est l’Arménie qui empêche aujourd’hui ce grand projet panturc de voir le jour”, note Jean-Christophe Buisson.

Il note qu’Emmanuel Macron est “tout seul à défendre les Arméniens”, parce que de nombreux pays européens ont besoin de gaz azerbaïdjanais. “Il n’y aura jamais un discours commun pour défendre les Arméniens. Si l’Europe est présente aujourd’hui, c’est par une mission d’observation à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan”, ce qui a également été fait à l’initiative de Macron.

Jean-Christophe Buisson et Tigrane Yegavian : l'occident a-t-il oublié l'Arménie ? - En toute vérité

Source: Sud Radio

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