Le directeur adjoint du Figaro Magazine Jean-Christophe Buisson revient sur la situation au Karabakh sur Radio J, mardi 17 janvier.
“Depuis le 12 décembre, la seule route reliant l’Artsakh à l’Arménie et au reste du monde a été coupée. Le prétexte, ce sont des mines que possède l’Artsakh et que l’Azerbaïdjan revendique. Des militants écologistes ont surgi de nulle part puisque jamais des mouvements écologistes en Azerbaïdjan depuis 30 ans sont arrivés pour réclamer de dépolluer ces mines.
Les ouvriers ont répondu “non” et ces Azéris ont installé ce blocus sur ce corridor qui empêche la nourriture, les médicaments, les hommes et les femmes de circuler sur ce corridor de sorte que depuis 37 jours, 120 000 habitants n’ont plus d’accès à rien du tout. Il n’y a même plus de billets de banque. Il y a eu déjà deux morts qui n’ont pas pu être évacués à temps en Arménie, parce que la Croix-Rouge arrive à évacuer quelques personnes vraiment en état d’urgence sanitaire critique. On ne peut pas atterrir ni d’hélicoptère, ni d’avion sur l’aéroport de Stepanakert.
C’est vraiment une situation humanitaire très grave. On est dans une impasse géopolitique et diplomatique, mais il y a une urgence humanitaire. C’est pour cela que les habitants de l’Artsakh réclament une intervention pour forcer ce corridor qui, en théorie, est sécurisé par l’armée russe. Les Azéris essaient de décourager les habitants de rester dans cette région en les menaçant en permanence. C’est une forme d’épuration étnique, une guerre à bas bruit qui continue”, affirme Jean-Christophe Buisson.
“Aujourd’hui il y a une urgence de mobilisation beaucoup plus générale des ONG qui ont beaucoup travaillé en Ukraine. Ce qui se passe en Arménie est de la même nature que ce qui se passe en Ukraine”, estime le journaliste.
Selon lui, “la Russie a beaucoup plus d’intérêts avec la Turquie, donc avec l’Azerbaïdjan, qu’avec l’Arménie, car cette dernière est un pays pauvre qui n’a pas d’accès à la mer et qui a très peu de ressources”. Il souligne qu’aujourd’hui “ce sont les intérêts géostratégiques qui comptent et la Russie a besoin de Bakou pour vendre son gaz et son pétrole”.
Jean-Christophe Buisson dénonce le fait que le monde chrétien reste indifférent face au conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il fait remarquer qu’il n’y a qu’Emmanuel Macron qui se mobilise pour soutenir les Arméniens et appelle à des sanctions à l’égard de Bakou.
Buisson fait savoir que l’Arménie et l’Artsakh “n’ont pas le même calendrier” : le Premier ministre arménien Nikol Pachinian voudrait faire la paix avec la Turquie et “délaisse un peu l’Artsakh au profit du développement de l’Arménie”.
Le journaliste note que “la diplomatie arménienne est très compliquée à cause de sa situation géographique”. Il souligne que le seul allié de l’Arménie est la Russie. Même si la Russie a permis le blocus du corridor de Latchine, localement les Arméniens “n’ont pas d’autre choix”.
Source: Chaîne Youtube de Radio J
