Nommé en novembre dernier Ministre d’État, soit l’équivalent du premier ministre du Haut-Karabakh (non reconnu internationalement), l’ex-banquier russe d’origine arménienne Rouben Vardanian est depuis lundi 12 décembre confronté au blocus de la seule route qui relie le Karabakh au monde extérieur.
Dans l’entretien accordé au magazine Marianne, il appelle les gens à faire pression sur l’Azerbaïdjan pour assurer la pérennité des 120 000 Arméniens sur le territoire du Karabakh.
Selon lui, le blocus du corridor de Latchine est lié à la visite du président de la République non reconnue internationalement d’Artsakh, Araïk Haroutounian, à Paris. “Les positions actives du président mais aussi du peuple de l’Artsakh déplaisent beaucoup à Bakou. Ainsi la manifestation massive du 30 octobre à Stepanakert, en faveur de l’indépendance, prouvant la détermination des Arméniens à rester sur leurs terres ancestrales, avait été un grand choc pour Bakou.”
Rouben Vardanian souligne qu’il n’y a aucune négociation directe entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Les Russes agissent en tant que messagers entre les deux parties.
Il estime que le blocage du corridor de Latchine par des “éco-activistes” azerbaïdjanais est une fiction et une manipulation sur un sujet qui inquiète les gens du monde entier. “Si l’écologie est vraiment le souci de Bakou, nous sommes tout à fait prêts à accueillir une commission internationale d’experts environnementaux, missionnée par l’ONU, qui pourrait inspecter les gisements en question. Nous serons ravis de lui fournir toutes les informations nécessaires, mais pas à l’Azerbaïdjan.
Face aux reproches de Bakou sur la légalité de l’exploitation des mines, nous sommes transparents : en Artsakh, nous avons adopté les meilleurs standards internationaux en la matière, sur le modèle du Canada. La société exploitant ces gisements est une compagnie privée au capital étranger – il s’agit d’Arméniens de la diaspora – et l’Artsakh n’y a aucune participation.”
Selon lui, seule la pression internationale peut fournir un mandat aux soldats russes de maintien de la paix et imposer l’organisation d’un corridor humanitaire aérien pour assurer les besoins des Arméniens en nourriture et en médicaments.
Source: Marianne