Tigran Yegavian, chercheur au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et membre du comité de rédaction de la revue “Conflits” dans une interview accordée à Marianne, analyse le rôle de la Russie et de la Turquie dans la nouvelle escalade entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Selon Tigran Yegavian, le conflit du Karabakh est un conflit “mondialisé” entre la Russie et la Turquie, dans lequel “l’Arménie fait figure de monnaie d’échange”. Yegavian affirme que Moscou ne veut pas du tout protéger les Arméniens du Karabakh, mais veut veut avoir un levier de pression sur Bakou et revenir en force dans son “étranger proche”.
D’après le chercheur, “le Karabakh est devenu une province russe sans statut, où le russe est désormais deuxième langue officielle”.
Tigran Yegavian estime que c’est la Russie qui veut contrôler le futur corridor entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan (son exclave coincée entre l’Arménie et l’Iran).
“Entre la Russie et la Turquie, il ne s’agit pas d’une alliance mais d’un partenariat, d’une coopération compétitive. Si ces deux puissances impériales se sont fait la guerre une dizaine de fois au XIXe siècle, elles convergent désormais par leur rejet de l’Occident et leur interdépendance économique”, indique Yegavian.
“Quant au président français, bien isolé sur la question au sein de l’UE, il doit se cantonner à des efforts de médiation”, affirme le chercheur.
Source: Marianne