“Il faut aider l’Arménie”, affirme Tigrane Yegavian, chercheur au Centre Français de Recherche sur le Renseignement, qui s’indigne de l’inaction et de l’hypocrisie des Européens face aux Azerbaïdjanais, fait savoir Famille Chrétienne, mercredi 26 octobre.
Tigrane Yegavian dénonce l’accord gazier entre l’Azerbaïdjan et l’UE. “Nous nous privons du gaz russe en raison de la guerre avec l’Ukraine, mais nous achetons du gaz azéri, dont une partie est détenue par des entreprises russes.”
Selon lui, “ce que cherche l’Azerbaïdjan, c’est d’obtenir par la force ce qu’ils n’ont pas pu obtenir par la négociation, à savoir un corridor souverain sur le territoire arménien du sud, qui relierait l’Azerbaïdjan à la Turquie”, mais aussi d’obliger les Arméniens à renoncer au Karabakh.
Tigrane Yegavian aborde le rôle de la Russie dans ce conflit. “L’intérêt de la Russie, qui ne correspond pas à celui de l’Arménie, est de maintenir les Occidentaux en dehors du Caucase, et de ménager l’Azerbaïdjan, qui est pour eux un partenaire stratégique. Les Russes jouent un double jeu, et n’ont aucune intention de garantir la sécurité de l’Arménie.”
D’après lui, l’Arménie est une victime de la Russie et de la Turquie. “Russes et Turcs sont en compétition en Syrie, en Libye, en Méditerranée orientale, dans les Balkans, en Afrique aussi – dans le Caucase, les Russes ne sont plus en mesure de freiner la présence turque. Ils se partagent des zones d’influence, et ce partenariat est très éphémère, très fragile, très mouvant, il fluctue au gré des opportunités du moment. Au total une situation très dangereuse pour l’Arménie.”
Tigrane Yegavian appelle à armer l’Arménie. “L’Arménie a besoin d’armes ! Il faut armer l’Arménie comme on arme l’Ukraine. Et être cohérent : si l’on est européen et qu’on défend une certaine idée de la démocratie, il faut se rappeler que l’Arménie est le seul Etat démocratique de la région. C’est par ailleurs un pays chrétien, mais ce n’est pas cela qui le protège. Il n’attend plus grand-chose des Occidentaux dans la mesure où ces derniers ne croient plus en eux-mêmes.
L’Arménie doit donc se rapprocher des pays qui peuvent l’aider, comme l’Inde ou l’Iran, qui ont des intérêts communs contre le panturquisme. Quant à la France, l’Arménie attend autre chose que des bonnes paroles. Commémorer le génocide de 1915, c’est bien, mais si ça ne débouche sur rien de concret, cela ne sert pas à grand-chose.”
Source: Famille Chrétienne (magazine hebdomadaire familial français catholique)