“L’Azerbaïdjan, épine dans le pied de Poutine” : analyse du journaliste au Point, Armin Arefi

“L’Azerbaïdjan aide l’Ukraine sur le plan humanitaire et se pose en alternative au gaz russe, sans pour autant condamner la Russie”, déclare le journaliste au Point, Armin Arefi, dans son article publié mardi 26 avril.

“Le 22 février dernier, à peine quelques heures après la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des républiques de Donetsk et de Lougansk, prélude à son entrée en guerre en Ukraine, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev se trouve au Kremlin pour signer avec Vladimir Poutine un accord renforçant la coopération diplomatique et militaire entre la fédération russe et l’ancienne république soviétique”, note le journaliste. 

“La majorité du texte n’est que la répétition des précédents accords qui liaient la Russie et l’Azerbaïdjan depuis trente ans”, nuance Zaur Shiriyev, chercheur spécialiste du Caucase au sein du centre de réflexion américain International Crisis Group. “La vraie nouveauté consiste en une coopération sur les plateformes internationales et au soutien à l’intégrité territoriale des pays.”

Armin Arefi fait remarquer que l’Azerbaïdjan n’a pas condamné l’invasion par la Russie du territoire ukranien, mais Bakou a envoyé en Ukraine quatre avions-cargos d’aide humanitaire. En plus, l’Azerbaïdjan fournit gratuitement en carburant l’ensemble des véhicules de secours et d’urgence de l’Ukraine.

“L’Azerbaïdjan fait face en Ukraine à un conflit difficile à gérer”, explique Bayram Balci, chercheur spécialiste de l’Asie centrale et du Caucase au Ceri-Sciences Po Paris. “D’un côté, Bakou juge primordial d’afficher sa solidarité avec l’Ukraine et la défense de son intégrité territoriale, car il en va en fait de sa propre souveraineté face au risque d’une invasion russe. De l’autre, elle ne veut pas adopter de position trop musclée pour ne pas se mettre à dos la Russie.”

Selon Bayram Balci, “l’Azerbaïdjan apporte des pansements à cette guerre, mais ceux-ci ne sont pas de nature à renverser le rapport de force, à la différence des pays occidentaux et de la Turquie qui fournissent des armes à l’Ukraine”.

Armin Arefi fait remarquer que Bakou a reçu au mois de février la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, “pour se poser en alternative au gaz russe, dont l’Europe souhaiterait à terme se débarrasser”.

Zaur Shiriyev souligne que le Corridor gazier Sud “ne pourra atteindre à terme plus de 25 milliards de mètres cubes”. Il estime que “ce volume n’est pas en mesure de concurrencer le gaz russe et n’est pas considéré comme une menace par Moscou”.

 

Source: Le Point

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