Le ministère turc de la justice a qualifié d’incitation à la haine un tableau exposé par des étudiants de l’université du Bosphore représentant la Kaaba de La Mecque aux côtés de drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel. Le procès devrait se tenir en octobre, rapporte La Croix, mardi 31 août.
En janvier, les étudiants de la prestigieuse université anglophone du Bosphore, à Istanbul, Jamais Doğu et Selahattin Can avaient accroché des centaines de dessins et tableaux envoyés par leurs camarades dans le cadre des activités du club LGBT de leur école. Parmi eux, une image montrant la Kaaba de la Mecque, encadrée de quatre drapeaux aux couleurs de la communauté LGBT.
Jamais Dogu et Selahattin Can sont accusés par le procureur de “provocation et incitation à la haine”. Les audiences se tiendront en octobre. Selahattin Can a déposé un dossier auprès de la Cour constitutionnelle pour “violation de la liberté individuelle”.
Selon le ministère de la justice, les images en question étaient de nature à “provoquer la haine” dans une société turque à majorité musulmane.
“Les institutions étatiques sont tenues d’agir conformément à la Constitution et aux règles du droit laïc dans tout son fonctionnement et toutes ses pratiques”, ont rappelé treize associations de la société civile dans une lettre ouverte.
Mustafa Karadağ, juge à la retraite et ancien président d’un syndicat de magistrats, s’inquiète de la mobilisation de ce type d’argument susceptible “d’encourager et de provoquer des comportements agressifs vis-à-vis de personnes LGBT”.
“L’homosexualité n’a jamais été condamnée dans le droit dans l’histoire de la République turque. Mais le gouvernement fait en sorte de limiter sa visibilité, sa légitimité dans l’espace public en créant une pression sociale. L’outil le plus utile pour ça, c’est la religion”, a dit Levent Pişkin, avocat des étudiants de l’université du Bosphore et figure militante de la communauté LGBT de Turquie.
Source: La Croix
