Alors que le chômage et l’inflation gagnent du terrain, les réflexes de rejet se renforcent en Turquie qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde. Un mécontentement attisé par les partis d’opposition qui reprochent au gouvernement le laxisme de sa politique migratoire, a fait savoir Le Monde, vendredi 3 septembre.
La question migratoire est devenue brûlante en Turquie pour le gouvernement, surtout depuis que le pays se retrouve confronté à la perspective de l’arrivée d’une nouvelle vague de réfugiés venus d’Afghanistan, via l’Iran.
La Turquie “ne pourra pas supporter un fardeau migratoire supplémentaire”, a expliqué récemment le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à la chancelière allemande Angela Merkel.
C’est aussi pour régler la question des réfugiés afghans, estimés par le ministère de l’intérieur à environ 300 000 sur le sol turc, dont 129 323 seulement sont légaux, que le président turc s’est dit prêt à engager le dialogue avec les talibans.
La Turquie cherche par tous les moyens à endiguer le flux. Un mur de béton sur plus de 100 kilomètres le long de la frontière avec l’Iran est en construction depuis 2017. Il est prévu de le prolonger et de le renforcer par des tours de guet, des caméras à infrarouge, des tranchées.
Le gouvernement turc est soucieux de montrer à la population qu’il maîtrise les frontières du pays. S’il ne le fait pas, les manifestations d’hostilité envers les réfugiés pourraient s’amplifier. Jeudi 12 août, dans le quartier d’Altindag à Ankara, plusieurs centaines de jeunes hommes munis de bâtons ont détruit des commerces, des voitures et des logements appartenant à des Syriens. Cela s’est passé après une rixe entre des Turcs et des Syriens, au cours de laquelle un jeune Turc a été tué.
Jusqu’ici, le gouvernement turc, avec le soutien financier de l’Union européenne, était ouvert aux réfugiés syriens. Cependant, ces dernières années, l’hospitalité des Turcs semble avoir atteint sa limite. Depuis 2016, Ankara a érigé un autre mur le long de sa frontière avec la Syrie et n’accorde que les permis de “protection temporaire” aux personnes qui fuient le chaos syrien.
Le président turc s’est dit récemment “conscient du mécontentement causé par l’immigration irrégulière”. Le mécontentement est attisé par les partis d’opposition qui reprochent au gouvernement le laxisme de sa politique migratoire. Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple, avait promis de “renvoyer les Syriens chez eux” si son parti venait à remporter les élections.
Entre 2012 et 2018, la question migratoire n’était pas aussi sensible car l’économie se portait mieux. Aujourd’hui, alors que le chômage et l’inflation augmentent, le mécontentement de la population turque s’intensifie.
Source: Le Monde