La journaliste Marie Jégo a publié vendredi 28 mai, dans Le Monde, un article portant sur les écoles coraniques pour filles en Turquie.
Scolarisées loin de leurs familles dans des internats coraniques, des jeunes Turques apprennent par cœur et récitent les 6 236 versets en arabe du Coran, dont elles ambitionnent de devenir les “gardiennes” (hafiz). Âgées de 8 à 17 ans, elles vont consacrer trois ou quatre années de leur vie pour atteindre cet objectif. Répétition, mémorisation, psalmodies occupent l’essentiel de leurs journées, depuis 5 heures du matin, pour la première prière, jusqu’à 21 heures.
La photographe Sabiha Çimen a obtenu en 2020 un World Press Photo pour sa série “Hafizas, les gardiennes du Coran”. En montrant “les moments de rêves et de hardiesse” de ces jeunes élèves, leur complicité, la photographe espère contribuer à mieux faire connaître la culture islamique, “souvent mal comprise dans les pays occidentaux”.
Ce travail, reconnaît Sabiha Çimen, est un peu autobiographique. “A travers mes photographies, je me vois telle que j’étais alors.” Elle se souvient de l’émotion ressentie lors de l’examen final, quand les examinateurs demandent aux élèves de poursuivre la récitation d’un passage du Coran choisi au hasard. Après son internat coranique, Sabiha Çimen est ainsi partie en Jordanie pour apprendre l’arabe.
Elle a consacré l’essentiel de sa recherche photographique aux écoles coraniques féminines.
Selon la Direction aux affaires religieuses, environ 15 000 étudiants turcs sortent diplômés d’une école coranique chaque année. Ces écoles ont essaimé ces vingt dernières années en Turquie à l’initiative du président, Recep Tayyip Erdogan. Lui-même a suivi l’essentiel de ses études dans une école d’imams et de prédicateurs. Ses parents voulaient faire de lui un “hafiz”.
“Il y a des tas de choses que l’on ne peut pas faire devant un hafiz, comme élever la voix, dire des grossièretés, croiser les jambes”, rappelle Sabiha Çimen.
Ses photos montrent à la fois le processus d’enseignement du Coran aux filles et leur passe-temps libre.
Source: Le Monde