Pour RT France, le géopolitologue François Costantini analyse les enjeux de la visite des dirigeants européens Charles Michel et Ursula von der Leyen en Turquie, ce mardi 6 avril, pour rencontrer le président turc. Objectif de cette visite: la reprise graduelle des relations bilatérales entre Bruxelles et Ankara après plusieurs mois de tensions.
“Le président turc a été demandeur de cette rencontre pour plusieurs raisons. Il a un intérêt à une désescalade. Il se trouve que les européen ont également un intérêt à reprendre le lien avec le président turc à cause de la question des migrants.
La Turquie est, quant à elle, sous asphyxie économique. Sa monnaie a subi une très grave dévaluation. La Turquie a un besoin vital d’exporter du tourisme. Chaque année la Turquie, face à l’ensemble de l’UE, réussit à avoir un excédent commercial de près de 14 milliards de dollars, ce qui est considérable pour un marché de 80 millions d’habitants, face aux marchés gigantesques et qualitatifs de l’UE de 500 millions d’habitants. Donc, en effet, il y a une question d’intérêt et le président turc a plutôt un intérêt à ne pas se détacher de l’UE, d’autant plus que l’UE travaille sur projet pour la modernisation de l’union douanière avec la Turquie.
Depuis plus de 15 ans, la Turquie et l’UE négocient l’adhésion. C’est une fausse piste. Il ne faut pas négocier pour dire “non” à la fin. Il vaudrait mieux dire “non” à la Turquie au départ, de s’engager dans un véritable partenariat et non pas dans une adhésion qui a peu de chances d’aboutir. Pour se mettre à la table de négociation, il faudra également avoir des politiques claires de chaque côté, y compris de la part de l’UE vis-à-vis de la Turquie.
C’est Bruxelles qui a donné le bâton et la baguette de chef d’orchestre au président turc. C’est l’UE qui a organisé la politique de submersion migratoire. C’est la chancelière allemande qui a ouvert des portes à l’immigration illégale et quand on s’est aperçu de catastrophe, on est allés chercher le président turc. Je rappelle que la Turquie accueille entre 3 et 4 millions de syriens sur son territoire et qu’elle est censée, en moyennant une aide de 6 milliards d’euros, garder les syriens, mais dans une limite. L’accord négocié de façon unilatérale par Angela Merkel, se limite à 72 mille migrants. On voit bien que cet accord est faible et qu’aujourd’hui, c’est l’UE qui doit revoir sa politique migratoire. On voit que l’accueil de migrants illégaux continue.
Aujourd’hui on est dans une première étape qui consiste à renouer les fils. C’est la reprise des contacts. On va mettre sur la table les désaccords dans un premier temps et ensuite, se mettre, peut-être, d’accord sur une feuille de route pour essayer de régler dans la mesure du possible l’ensemble de ces désaccords.”
Source: Chaîne Youtube de RT France