L’économie turque menacée par l’inflation et la volatilité

Le journaliste Yves Bourdillon analyse la situation économique en Turquie dans un article publié dans le journal Les Echos lundi 5 avril.

L’auteur de l’article note que l’économie turc est “plus fragile que jamais. Après avoir longtemps représenté le principal succès du président Recep Tayyip Erdogan, l’économie constitue aujourd’hui sa principale faiblesse”.  

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel se rendront à Ankara mardi 6 avril.

D’après le journaliste, la Turquie a besoin de ces derniers pour financer l’énorme déficit de sa balance des paiements courants. Celui-ci a atteint 36 milliards de dollars l’an dernier, équivalant à plus de 5 % du PIB.

Yves Bourdillon fait remarquer que les investisseurs fuient la lire turque depuis le limogeage soudain, par décret, le 20 mars, du gouverneur de la banque centrale, Naci Agbal, à peine cinq mois après sa nomination. Il a été remplacé par Sahap Kavcioglu, un ancien député du parti AKP au pouvoir, qui a publiquement critiqué le resserrement de politique monétaire mis en oeuvre par son prédécesseur. Signe de cette défiance, les investisseurs étrangers ont vendu pour 1,9 milliard de dollars d’obligations turques la semaine qui a suivi.

L’adjoint de Naci Agbal, Murat Cetinkaya a également été limogé. 

Pour juguler le dévissage de la monnaie, le nouveau gouverneur s’est engagé le lendemain à garder une politique monétaire stricte, notamment en maintenant le taux directeur de l’institut d’émission au-dessus de l’inflation.

Recep Tayyip Erdogan se dit toujours persuadé que les taux d’intérêt bas sont les plus efficaces pour lutter contre l’inflation.

Or, selon le journaliste, un taux d’intérêt bas, en rémunérant moins bien les placements en devise nationale, ne peut qu’affaiblir la livre turque, ce qui renchérit les produits importés et attise donc encore plus la dérive des prix.

 

Source: Les Echos

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