Face aux crises, la mosquée turque de Roubaix mise sur la solidarité

À Roubaix, dans la mosquée turque Eyüp Sultan, on prépare les repas pour distribuer aux étudiants, aux gens du quartier et aux associations caritatives partenaires, a fait savoir Mediapart lundi 19 avril.

À côté des repas, les fidèles se sont engagés dans la confection de masques, distribués gratuitement à la mairie, au commissariat, aux hôpitaux et aux Ehpad.  Lors de la première vague, 1 200 masques ont été distribués en quatre jours.

En temps normal, la mosquée Eyüp Sultan ne ressemble pas à une succursale du Secours populaire mais plutôt à n’importe quel autre lieu de culte musulman. La prière y est faite en arabe, le prêche en turc et en français. Comme la plupart des mosquées turques, elle porte le nom de ce compagnon du Prophète, dont le tombeau sur les hauteurs d’Istanbul côtoie le café de l’orientaliste Pierre Loti, bien connu des touristes français. Comme pour les mosquées rattachées au Maroc ou à l’Algérie, son imam est payé par le pays d’origine, qui peut le révoquer à tout moment. 

Ibrahim Alci, à la tête de la mosquée turque de Roubaix, cumule les postes de vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de patron du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF). Il a refusé de signer la charte des imams concoctée par le ministère de l’intérieur.

Ibrahim Alci montre la dernière lettre arrivée au siège parisien de sa fédération de mosquées. Le Prophète y est qualifié de “pédophile égorgeur” et le Coran de “papier toilette”. Le même registre que celui des insultes retrouvées sur le mur de la mosquée de Rennes le 11 avril, deux jours après l’incendie qui a touché une mosquée de Nantes.

Murat Güldal, élu municipal dans le Bas-Rhin, s’agace de son côté de “l’hypocrisie” de tous ceux, “élus locaux, députés, ministres”, “qui crachent sur la communauté turque en ce moment”.

Les actes islamophobes continuent de prospérer en pleine période de ramadan. Le 14 avril, le président de la fédération musulmane turque, le Milli Görüs, déposait plainte au commissariat de Sevran après la réception d’une lettre de menaces de mort. Baptisé “Action France”, le groupe à l’origine du courrier revendique la présence de militaires dans ses rangs et un prochain passage à l’acte.

 

Source: Mediapart

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