Jacques Duplessy et Anna Erelle publient “L’Ecole hors de la République” aux éditions Robert Laffont. Pendant plus d’un an, ils ont enquêté sur la multiplication d’établissements scolaires sous influences étrangères, a fait savoir Atlantico.fr dimanche 18 avril.
Selon les écrivains, “le président Erdogan n’en finit plus de vouloir régir l’islam en France, et son combat passe par l’instruction.”
“La Turquie ne cache pas ses ambitions françaises”, estiment Jacques Duplessy et Anna Erelle. D’après eux, Ankara tente d’imposer sa politique à travers l’enseignement.
Selon un conseiller de l’Élysée, il a été mis fin aux enseignements de langue et de culture d’origine (Elco) parce que “dans ces cours, on se retrouvait avec des profs ne sachant pas parler français et qui enseignaient qu’Erdogan est le plus grand des démocrates et que le génocide arménien n’est qu’une histoire qu’on raconte aux enfants le soir avant de s’endormir”.
Les Elco s’appuyaient sur des coopérations bilatérales mises en place avec neuf États: Algérie, Croatie, Maroc, Italie, Espagne, Serbie, Portugal, Tunisie et Turquie. Jusqu’à leur récente suppression, ils concernaient 80000 élèves. Ils ne coûtaient rien à l’État qui n’avait en retour pas son mot à dire sur le choix de l’enseignement et des enseignants.
“Ce qui se joue derrière ces enseignements linguistiques et culturels, c’est une stratégie étatique d’influence, de contrôle et d’instrumentalisation de la diaspora turque en France et en Europe”, analyse Ariane Bonzon, auteure de “Turquie, l’heure de vérité.”
La fermeture des Elco, annoncée en mars 2020, a aggravé les relations franco-turques. Le volet scolaire s’est ajouté à des discordes entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan, comme le conflit armé en Libye, la guerre en Syrie, les agressions en Méditerranée orientale et la question de l’islam politique en France.
Lorsque, en mai 2019, Jean-Michel Blanquer s’était expliqué sur son refus de donner son accord pour l’ouverture d’établissements turcs, Ankara avait déjà réagi en ce sens: “Nous souhaitons rappeler que des écoles françaises soutenues par l’ambassade de France sont présentes en Turquie. Les négociations concernant les écoles que la Turquie envisage d’ouvrir en France en conformité avec le système d’enseignement français sont en réalité menées dans la perspective d’établir la réciprocité aux écoles françaises existantes en Turquie.”
Le problème, selon les auteurs, consiste en ce que la Turquie cherche à imposer un soft power politique et religieux, elle dispense l’enseignement confessionnel et témoigne de la volonté de propagande.
Source: Atlantico (site d’information)