Le limogeage du gouverneur de la Banque centrale, Naci Agbal, décidé par Recep Tayyip Erdogan, a provoqué un séisme boursier et monétaire, a fait savoir Libération mardi 23 mars.
Dès l’ouverture des marchés lundi matin, la livre turque a dévissé, perdant jusqu’à 14% face au dollar et à l’euro. La Bourse d’Istanbul a elle aussi plongé de 10%.
Le limogeage de Agbal intervient deux jours après une hausse inattendue des taux directeurs de 200 points de base à 19% pour lutter contre l’inflation. Pour Nurettin Canikli, le vice-président du Parti de la justice et du développement, Agbal aurait été remercié car “il n’utilisait pas les instruments de politique monétaire rationnellement… et ça amenait un grand poids financier sur l’économie”.
Depuis le choc monétaire de l’été 2018, déclenché par des sanctions et menaces de l’ancien président américain Donald Trump, la monnaie turque est bousculée. L’inflation dépasse presque constamment la barre des 10%.
La nomination de Naci Agbal avait été saluée par les investisseurs. En augmentant les taux d’intérêt et en luttant contre la dollarisation de l’économie, il avait restauré une partie de la crédibilité de son institution.
Mais cette politique va à l’encontre des vœux du président de la République. Pendant des années, les autorités d’Ankara ont tenté de maintenir la livre turque à flot sans toucher aux taux d’intérêt.
Sahap Kavcioglu, un proche du chef de l’Etat, ancien député de l’AKP et éditorialiste pour le quotidien Yeni Safak, a été nommé à la place de Naci Agbal. Selon lui, “les hausses de taux d’intérêt vont indirectement mener à une hausse de l’inflation.”
Source: Libération
