L’afflux de réfugiés dans la province de Hatay crée des difficultés, notamment dans le domaine de l’éducation. Dans le cadre du programme d’aide aux réfugiés syriens, l’UE tente d’apporter son soutien à la Turquie, a fait savoir Le Monde jeudi 25 mars.
L’envoyée spéciale du Monde à Marie Jégo à Hatay (Sud est de la Turquie) s’est entretenue avec Merah Cinavro qui a fui la Syrie il y a quatre ans pour trouver refuge en Turquie. Comme elle maîtrisait l’anglais, elle a passé avec succès les tests d’entrée de l’université Mustafa Kemal, qui se trouve à Hatay. En deux mois elle a appris le turc, ce qui lui a permis de s’inscrire à la faculté d’agronomie. Elle n’envisage pas de rentrer en Syrie.
Comme Merah, 500 jeunes Syriens étudient actuellement dans cette université. Ils sont aidés par des bourses dispensées par l’Union européenne (UE), dans le cadre du programme d’aide aux réfugiés syriens, soit 6 milliards d’euros affectés à des programmes ciblés, notamment dans le domaine de l’éducation.
La Turquie, premier pays d’accueil pour les réfugiés syriens – ils y sont 3,6 millions –, n’a pas ménagé ses efforts pour ouvrir les portes de son système d’éducation, intégrant ainsi 700 000 enfants, adolescents et jeunes adultes.
Malgré cela, plus de 40 % des enfants syriens hébergés sur son sol, soit environ 400 000 d’entre eux, n’ont toujours pas accès à l’école.
Les besoins sont immenses : il faut toujours plus d’écoles, de salles, d’enseignants. L’UE tente d’apporter son soutien. Pour toute la Turquie, 400 établissements ont été construits, rénovés, modernisés, dont quarante au Hatay, en partenariat avec Ankara, grâce à une mise de fonds de 600 millions d’euros, versée par les Vingt-Sept. Mais “les écoles ne suffisent pas, il faut aussi des professeurs. A cette fin, nous soutenons également un programme du ministère turc de l’éducation. Le rôle de ces enseignants est primordial pour l’inclusion de ces jeunes dans le système”, explique Nikolaus Meyer-Landrut, le chef de la délégation de l’UE en Turquie, en visite dans la région.
Hatay, province la plus méridionale du pays, subit de plein fouet les conséquences de la guerre en Syrie. Environ un habitant sur trois est un réfugié. Chaque année, ce sont près de 100 000 bébés syriens qui voient le jour en Turquie.
Cet afflux de population crée des difficultés, y compris dans le domaine sanitaire.
Grâce à l’aide de l’UE, un système d’assainissement des eaux a été mis en place au Hatay, ainsi qu’une station de traitement des déchets.
Lütfü Savas, le maire d’Antakya, le chef-lieu de la province du Hatay, rêve du jour où “les réfugiés pourront rentrer chez eux dans de bonnes conditions”. Mais il doit bien se rendre à l’évidence : “Ni le régime de Damas ni la communauté internationale ne sont sérieusement engagés dans la recherche d’une solution, donc la situation actuelle va perdurer, les réfugiés vont rester.”
Source: Le Monde