Les relations entre les deux pays se sont de nouveau dégradées avec les accusations du président français, a fait savoir 20 minutes mercredi 24 mars.
Emmanuel Macron a alerté sur des “tentatives d’ingérence” venant de la Turquie dans la prochaine élection présidentielle française en 2022.
“Evidemment. Il y aura des tentatives d’ingérence pour la prochaine élection. C’est écrit, et les menaces ne sont pas voilées”, a dit le chef d’Etat.
Côté turc, le ministère des Affaires étrangères a réagi ce mercredi via communiqué: “Nous trouvons que ces déclarations contraires à l’esprit d’amitié et d’alliance sont inadmissibles”.
Recep Tayyip Erdogan est critiqué par le président français pour son influence sur la communauté turque dans l’Hexagone, qui représente environ 800.000 personnes.
“L’influence de la Turquie en France n’est pas nouvelle, même les gouvernements avant Erdogan avaient adopté cette stratégie, car cette communauté représente un apport électoral assez important. Erdogan veut montrer à la diaspora qu’il est un leader qui pense aux musulmans, qu’il ne les oublie pas. Ça peut agacer la France”, commente Bayram Balci, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, spécialiste de la Turquie. Or, selon le chercheur, “les Turcs en France ne sont pas tous soumis à Erdogan. Ils ne constituent pas une force électorale homogène”.
D’après Jean Marcou, professeur à Sciences-Po Grenoble également spécialiste de la Turquie, “il y avait une crainte du gouvernement français d’avoir des imams politiquement orientés, des délégués du gouvernement turc. Avec son projet de loi sur les séparatismes, qui avait lui aussi mis le feu aux poudres, Emmanuel Macron a mis fin à cette pratique.”
Il s’agit là d’un nouvel accroc dans les relations diplomatiques entre les deux pays, déjà entachées par de nombreux points de discorde: l’offensive turque en octobre 2019 contre les forces kurdes en Syrie, alliées des Occidentaux, l’interventionnisme turc en Libye, en Méditerranée orientale, où encore un incident entre des navires turc et français en juin 2020.
“Après cet épisode, la France ne s’est pas sentie soutenue par l’Europe, qui n’a pas pris de sanction significative contre la Turquie, essayant plutôt de calmer le jeu en Méditerranée”, analyse Jean Marcou. Notamment car Ankara joue un rôle très important dans la gestion des flux migratoires.
Après avoir accusé le président turc, Emmanuel Macron a voulu conclure sur une note positive. “J’ai noté depuis le début de l’année une volonté d’Erdogan de se réengager dans la relation. Je veux croire que c’est possible”, a déclaré le président.
Source: 20 minutes