Depuis l’arrivée au pouvoir du président français en 2017, Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan se parlent mais sans parvenir à s’entendre.
Le journaliste François Clemenceau analyse les relations entre le président français et son homologue turc dans un article publié dans Le Journal du Dimanche le 7 février.
L’auteur de l’article rappelle que dès que Macron est arrivé à l’Elysée qu’un journaliste français, Mathieu Depardon était arrêté dans la région kurde de Batman en Turquie et accusé de propagande “terroriste” au profit du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).
Le 25 mai 2017, en marge de son premier sommet de l’OTAN, à Bruxelles, Macron demande à Recep Tayyip Erdogan de le libérer. Deux jours plus tard, au sommet du G7 à Taormine (Sicile), Emmanuel Macron a déclaré: “Le président turc, comme Donald Trump et le président russe, sont dans une logique de rapport de force, ce qui ne me dérange pas. Je ne crois pas à la diplomatie de l’invective publique mais, dans mes dialogues bilatéraux, je ne laisse rien passer, c’est comme cela qu’on se fait respecter”.
Le 3 juin 2017, il rappelle le président turc et renouvelle son exigence. Le 9 juin 2017, Mathias Depardon est expulsé vers la France.
Un mois plus tard, c’est un autre journaliste français, Loup Bureau, qui est arrêté en Turquie pour les mêmes raisons. Le jeune reporter a été libéré en septembre 2017.
Depuis, les crises se sont enchaînées: Syrie, Libye, Méditerranée, Caucase…
Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan se sont appelés cinq fois en 2020: en janvier, en février, en mars, en avril et en septembre – et plus du tout depuis.
Le 24 octobre, Erdogan questionne “la santé mentale” du président de la République, alors que ce dernier venait de rappeler, après les obsèques de Samuel Paty, que la France ne lâcherait rien sur la liberté d’expression et le droit de caricaturer.
La tonalité des échanges publics entre la France et la Turquie a changé depuis la mi-décembre. Le président turc a nommé un nouvel ambassadeur à Paris. Le diplomate en question, Ali Onaner, est un ancien camarade de promotion du jeune Macron à l’ENA.
Selon le journaliste, Ankara a compris l’importance du changement d’équipe de Washington. “Avec Joe Biden, fini l’indulgence de l’ère Trump, place à une politique plus exigeante, notamment sur les droits de l’homme”.
Source: Le Journal Du Dimanche