Le journaliste de France 24, Romain Houeix, analyse le rôle de la Turquie et de la Russie dans le conflit au Haut-Karabakh.
Le journaliste souligne que la Russie entretient des relations plus étroites avec l’Arménie qu’avec l’Azerbaïdjan. Erevan reste son allié privilégié, l’Arménie ayant rejoint des alliances politiques, économiques et militaires dominées par Moscou, notamment l’Organisation du traité de sécurité collective.
La Russie est membre aux côtés de la France et des États-Unis du groupe de Minsk. Depuis que le Haut-Karabakh a proclamé unilatéralement son indépendance vis-à-vis de l’Azerbaïdjan en 1991, avec le soutien de l’Arménie, aucune négociation du groupe Minsk n’a abouti. Un statu quo dont s’accommode la Russie, mais qui est remis en cause par la Turquie.
Le président turc souhaite qu’Ankara dispose d’un rôle diplomatique dans la résolution de ce conflit. Avec l’éclatement du conflit, dimanche 27 septembre, entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises, le président turc a rappelé l’échec de la communauté internationale à trouver une solution. S’exprimant depuis Istanbul dès le lendemain des premiers combats, Recep Tayyip Erdogan a estimé qu’il était temps pour l’Azerbaïdjan “de prendre les choses en main, qu’il le veuille ou non”.
Selon Torniké Gordadzé, de Sciences Po à Paris, “La Turquie de 2020 est différente de la Turquie des années 1990. À cette époque, la Turquie n’était pas capable de participer militairement à ce conflit. Désormais, les dirigeants turcs sont plus péremptoires et clament qu’ils soutiendront l’Azerbaïdjan si l’Azerbaïdjan le demande”.
D’après Laurence Broers de l’institut Chatham House, basé à Londres, Ankara est un nouveau venu par rapport à la Russie dans le Caucase du Sud et c’est bien Moscou qui a les cartes en mains pour résoudre le dernier conflit en date au Haut-Karabakh. “Les enjeux sont nettement plus importants pour la Russie, car la principale source d’influence de Moscou dans le Caucase du Sud est la nature non résolue de ce conflit”, explique-t-il.
L’ingérence militaire d’Ankara n’est pas établie, seule l’Arménie l’affirme jusqu’ici et accuse la Turquie d’avoir déployé ses avions F-16, de fournir des pilotes de drones et des spécialistes militaires.
Source: France 24